Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/109

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— Je te ferai d’abord observer que je ne t’offre aucune belle-mère, mais une orpheline.

— Une orpheline ! Une pseudo-orpheline !

— Ensuite tu n’ignores pas qu’il y a déjà longtemps que Mme Frémerol ne fait plus parler d’elle. Sa maison n’est ouverte qu’à des gens du meilleur monde, à de grands artistes, à des littérateurs célèbres, et je t’assure, moi qui l’ai vue souvent dans ce milieu-là, qu’elle y fait excellente figure. Bon nombre de peintres, d’hommes de lettres et de sculpteurs lui doivent leurs premiers succès et ne savent rien de son passé.

— Un Mécène en jupons. Et pas d’amours ?

— Du moins on ne nomme personne, bien qu’elle soit fort belle encore. Tout se passe dans son splendide hôtel de la rue de Prony avec beaucoup de tact et de décence. Du reste, qu’est-ce que cela te fait ? puisque jamais Mlle Claude n’a mis ni ne mettra les pieds chez sa mère, de même que jamais sa mère ne viendra chez elle.

— Mais enfin, antérieurement à ce Berquelier, elle a un passé, cette femme-là ! En sais-tu quelque chose ? De quel pays est-elle ?

— Je l’ignore absolument, et tu penses bien que je ne lui ai fait aucune question à ce sujet. Je ne connais de sa famille que la vieille tante qui est venue habiter aux environs de Mantes le jour où sa petite-nièce est entrée chez les Visitandines.

— Tout cela est bien étrange !

— Il est probable que, comme quelques-unes de ces belles filles qui ont fait fortune à Paris, la mère de Claude a fui la province, après quelque premier amour déçu. Ce qui me parait certain, c’est qu’elle