Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

S’il est vrai qu’hier encore je ne cherchais qu’une fortune nouvelle pour réparer des maladresses dont j’aurai souci de me garer désormais, j’ai en ce moment la conviction que notre ami, en me mettant en rapport avec vous, a plus fait pour mon bonheur que pour ma richesse future.

En s’exprimant ainsi, avec un accent plein de sincérité, le duc Robert, peut-être malgré lui, exagérait de beaucoup ses sentiments, mais, en réalité, son scepticisme accoutumé disparaissait un peu devant l’attitude si franche et si digne de cette femme, qui s’efforçait de transformer une opération toute d’argent en une affaire de cœur.

— Maintenant, causons un peu de ma fille, poursuivit Geneviève d’une voix tendre. Vous ne la connaissez même pas de vue. La voici.

Elle avait pris sur la cheminée le portrait de Claude et le présentait à Robert, qui s’écria :

— Ah ! ravissante, plus belle encore que Guerrard ne me l’a dépeinte !

Ce portrait était une grande photographie qui représentait en pied la jeune fille dans son uniforme du couvent. Il était impossible de rêver rien de plus poétique, de plus chaste, de plus charmant.

– Eh bien ! cette enfant que j’adore, cette enfant pour qui je sacrifierais ma vie, je suis prête à m’en séparer, à ne la rencontrer jamais en quelque sorte, si on l’exige, pour qu’elle tienne le rang dont elle est digne.

— Oh ! madame, vous condamner à ne pas embrasser votre fille ! Qui oserait vous imposer cela ? De plus, est-ce qu’elle ne se révolterait pas contre une semblable séparation !