Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/143

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promesses à cet égard, mais il craignait l’affection de la duchesse pour celle qui s’était si héroïquement sacrifiée, et il avait une peur atroce qu’on ne découvrit qu’il était tout simplement le gendre de l’ancienne maîtresse de ce gros entrepreneur, dont la fortune rapide avait fait tant de bruit une dizaine d’années auparavant.

Aussi ne retarda-t-il pas d’un seul jour, en quelque sorte, pour manœuvrer dans la direction du but qu’il voulait atteindre ; et le lendemain même de son arrivée à Milan, où il avait conduit sa femme d’une seule traite, il lui dit :

— Vous allez certainement, ma chère amie, donner de vos nouvelles à votre mère, et je comprends fort bien que vous lui écriviez ; mais, dans votre intérêt à toutes deux, je vous engage à ne pas échanger une correspondance trop fréquente, car si vous agissiez ainsi, vous vous accoutumeriez plus difficilement à la séparation qui, vous le savez, est nécessaire.

Bien que son mari se fût exprimé d’un ton affectueux, Claude ne sentit pas moins son cœur se serrer. Cependant elle répondit avec douceur :

— Je n’écrirai qu’avec votre autorisation et, si vous le voulez, vous lirez mes lettres avant qu’elles partent.

— Oh ! Dieu m’en garde ! répondit vivement Robert un peu honteux. J’ai en vous la confiance la plus absolue, et j’espère, d’ailleurs, que vous n’aurez jamais à faire à personne la confidence de chagrins vous venant de moi.

M. de Blangy-Portal se montrait, en effet, rempli de prévenances et de galanterie pour celle qui portait son nom. Ayant ordonné d’importants travaux dans