Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/190

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près de deux mois, sans que le duc eût annoncé l’époque de son retour, et Geneviève n’avait pas même fait un seul voyage à Paris lorsqu’un soir, après le dîner, elle sortit seule, Claude étant un peu fatiguée, pour aller prendre des nouvelles de l’abbé Marion qui, la veille, s’était excusé par un mot de ne pouvoir se rendre à la villa pour dîner, ainsi qu’il en avait été prié.

Mais le vénérable curé de Verneuil n’était que légèrement souffrant, et quand il eut rassuré lui-même Mme Frémerol, celle-ci reprit le chemin de sa maison.

Le soleil venait à peine de disparaître et il faisait encore grand jour. Geneviève n’hésita donc pas à descendre jusqu’à la Seine, pour remonter dans Verneuil par l’une des avenues qu’elle avait coutume de parcourir avec sa fille.

Cette route était plus longue, mais la soirée était charmante et invitait à la promenade.

Bientôt elle eut atteint la rivière, dont la berge était couverte de monde, et, dix minutes après, elle tourna à gauche pour s’enfoncer sous la voûte ombreuse et presque déserte des marronniers.

Elle allait ainsi, rêveuse, le cœur plein de joie, bercée par le murmure de la brise dans les feuillages, ne levant pas même les yeux, entièrement à ses pensées, lorsqu’un individu, qui la suivait depuis le presbytère, mais qu’elle n’avait pas vu, hâta le pas pour la devancer, l’attendit et s’arrêta brusquement devant elle, comme pour lui barrer le passage.

C’était un homme d’une cinquantaine d’années, d’une taille élevée, convenablement mis, presque élégant, portant toute sa barbe, noire et touffue.