Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/192

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sant brusquement la tête, elle répondit d’une voix ferme :

— Votre apparition bien inattendue ne m’a causé que de la surprise, mais aucun effroi. En effet, je me croyais veuve depuis longtemps. Je me trompais. Que me voûlez-vous ? Si vous m’avez guettée, c’est bien certainement que vous avez formé quelque projet. Parlez ; je suis parfaitement calme.

Mourel ne s’attendait pas sans doute à une telle énergie de la part de celle que nous continuerons d’appeler Mme Frémerol, car il ne put dissimuler combien il en était interdit.

Cependant, après une seconde d’hésitation, il reprit :

— Je t’aime mieux ainsi, il sera plus facile de nous entendre. Veux-tu que nous marchions côte à côte, comme deux promeneurs qui se sont rencontrés par hasard ? Nous n’éveillerons de la sorte aucun soupçon chez les personnes que nous pourrons croiser. Oh ! ne crains rien, je ne t’accompagnerai pas jusqu’à la villa Claude ; j’irai seulement jusqu’au bout de l’avenue.

— Soit ! Mais vous feriez mieux de me dire : vous. Si on vous entendait…

— Je ne pourrais plus passer pour un étranger, ce que je redeviendrai bientôt pour vous… — vous voyez, j’obéis, — si vous êtes raisonnable.

— Eh bien ! allons, et faites-moi part de vos intentions.

Geneviève reprit le milieu de l’allée.

— D’abord, dit Jean, en marchant auprès d’elle, il y a deux choses dont je dois vous instruire : la première c’est que je n’ai rien à craindre de la police française.