Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/194

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Je pourrais simplement vous inviter à réintégrer le domicile conjugal, puisque nous sommes toujours unis légalement. On ne pense pas à tout ; vous n’avez pas songé, il y a vingt ans, à demander aux tribunaux votre séparation de corps, qui vous eût été immédiatement accordée, car j’avais été frappé d’une condamnation infamante. Nous sommes donc époux légitimes, aussi bien qu’avant mon départ, et comme nous nous sommes mariés sous le régime de la communauté, la moitié de votre fortune, de votre grande fortune m’appartient, ou plutôt elle m’appartient tout entière, le mari étant le chef de la communauté. Cependant je n’ai pas l’intention d’user de mes droits. Je suis prêt, au contraire, à vous laisser votre liberté.

— Ah ! vraiment !

— Oui, votre liberté complète, et même à ne pas revendiquer l’honneur insigne d’être le beau-père de M. le duc de Blangy-Portal.

Le coup était rude, mais Mme  Frémerol l’attendait. Aussi ne broncha-t-elle point, mais se contenta de hausser les épaules, en disant :

— Est-ce que la personne dont vous parlez est ma fille ?

La malheureuse avait l’héroïque courage de renier son enfant.

— Je sais que selon le registre de la mairie, où sa naissance a été déclarée, elle est fille de Rose Lasseguet ; mais comme au moment où Rose Lasseguet est devenue mère, elle s’appelait Mme  Mourel, Claude-Alexandrine est tout simplement l’enfant légitime des époux Mourel, puisque l’époux trompé n’a introduit aucune action en désaveu de paternité. Pour remettre