ment, songea à trouver le moyen d’améliorer sa situation.
Un de ces évènements dont les bagnes étaient fréquemment le théâtre ne tarda pas à fournir au fonctionnaire l’occasion de se tenir à lui-même sa promesse.
Un soir de dimanche, assis contre un des arbres de la cour, le mari de Rose était tout à la gravure d’une pomme de canne en argent que lui avait confiée un officier de marine, quand Rabot, accroupi près de lui, cessa tout à coup de suivre des yeux son travail qu’il admirait, et se leva pour se joindre à un couple de forçats qui s’étaient approchés ; puis, après avoir mystérieusement causé avec eux, il reprit place auprès de son compagnon de chaîne, pour lui dire à demi-voix :
— As-tu entendu ce que veulent les camarades ?
Depuis longtemps Pierre et Jean se tutoyaient. Le contraire les eût fait mal voir par tout le monde.
— Non, répondit Mourel, qui ne s’était pas même aperçu de l’entretien de Rabot avec les forçats.
— Eh bien ! il y a une évasion projetée, tout est prêt, et elle réussira si tu veux.
— Comment cela ?
— On m’a chargé de te demander de maquiller des faffes.
— De maquiller des faffes ?
— Oui, de fabriquer de faux passeports ! Dame ! on sait que tu es un brodeur, un écrivain habile !
— Et tu as cru que j’accepterais ?
— Je n’ai rien pensé du tout, mais comme il y a gros à gagner, dix yeux de perdrix ; dix belles