Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/244

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de la Guyane anglaise, dont ne le séparaient que le territoire hollandais et une centaine de lieues de mer.

Aussi fut-ce avec une impatience fébrile qu’il attendit qu’une décision fut prise à son sujet.

Cette attente dura plus de trois mois, et enfin, un beau jour, le commandant de l’île Royale le fit appeler pour l’informer que sa requête avait été bien accueillie par le gouverneur. Il devait se préparer, ainsi que son ami Rabot, à partir très prochainement pour Saint-Laurent.

En effet, quarante-huit heures plus tard, ils s’embarquèrent tous deux sur le petit aviso qui, toutes les semaines, visitait les divers établissements de la côte, et le lendemain de leur départ, ils entrèrent dans le Maroni, passèrent devant les Hattes, petit pénitencier en formation, au milieu des Indiens Galibis, et après avoir suivi pendant une dizaine de lieues les rives boisées du fleuve, ils arrivèrent à destination.

En sautant de l’aviso à terre, Mourel poussa un soupir de soulagement et serra vigoureusement la main de Pierre, qui ne comprenait rien à sa joie.

Il semblait à Jean qu’il avait déjà fait un premier bond vers la liberté.

Le pénitencier de Saint-Laurent ne ressemblait plus déjà aux autres pénitenciers qui, à cette époque, ne se composaient d’ordinaire que du camp des transportés, entouré du logement des soldats et des surveillants, puis de l’église, de l’hôpital et de la maison du commandant et de ses officiers.

Saint-Laurent devenait une ville et, sans son climat insalubre, c’eût été, avec le Maroni à ses pieds et ses grandes forêts pour ceinture, le séjour le plus enchanteur.