Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/245

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Nulle part végétation tropicale plus luxuriante, terre plus prodigue de ses dons, fleurs plus embaumées, nuits plus poétiques, ciel plus scintillant d’étoiles.

Malheureusement, grâce aux fièvres, aux chaleurs torrides, aux reptiles et aux fauves, la mort y coudoyait de trop près la vie.

Cependant il se reconstituait là des existences nouvelles, bien dignes d’intéresser les moralistes.

De nombreux mariages se faisaient entre déportés.

L’un des plus curieux de ces ménages était à cette époque celui de deux conjoints dont l’un, le mari, avait tué sa première femme, et l’autre, l’épouse, avait assassiné son premier seigneur et maître. Ces gens-là vivaient en parfait accord, la jalousie posthume ne pouvant guère, il est vrai, être éveillée chez eux par les souvenirs du passé.

Des malheureuses condamnées pour infanticide devenaient là-bas d’excellentes mères, et l’école des petites filles était tenue, fort bien tenue, par une transportée qui avait eu son heure de célébrité sous Louis-Philippe, Mlle  X…, qu’on ne connaissait à Cayenne que sous le nom de la Comtesse.

Après s’être rendue coupable, par amour, d’une tentative d’empoisonnement, elle avait été condamnée à vingt ans de réclusion. Elle a été graciée sous l’Empire.

Mais tout cela laissait Mourel fort indifférent, décidé comme il l’était à fuir les rives du Maroni à la première occasion.

D’abord il se mit au mieux avec ses chefs.

Au bout de moins de six mois, le capitaine d’infan-