Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/261

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pour ton repos, car les femmes, ça ne fait jamais faire que des bêtises ! »

L’ancien clerc de M. Tellier se trompait ; Mourel n’oubliait pas sa femme. S’il ne lui en avait pas parlé, c’est parce que, craignant que sa lettre ne parvînt pas à son destinataire, il n’avait pas jugé utile de prendre pour confidents ceux entre les mains de qui elle pourrait tomber.

La vérité, c’est que l’évadé de Cayenne était sous l’empire d’un phénomène psychologique fréquent ; il pensait d’autant plus à Rose qu’il ne savait pas même où elle était, et cette femme, qu’il aurait probablement repoussée si elle était venue à lui, il en était véritablement jaloux et s’imaginait l’aimer depuis qu’il avait appris sa fugue avec Albert Rommier.

Il répondit donc à Durest qu’il lui serait reconnaissant de rechercher Mme  Mourel et de lui envoyer tous les renseignements qu’il se procurerait. Il approuva son plan de se mettre à la piste de Mme  Ronsart, car ce serait peut-être là le moyen de retrouver sa nièce ; et comme il supposait que son ami n’était pas riche, il lui envoya cinq cents francs, en lui disant qu’il l’aiderait ainsi de temps en temps.

En effet, Jean se créa bientôt une position lucrative.

Moins de deux ans après son arrivée à Georges-Town, il ouvrit dans Water-Street, la principale rue de la ville, un magasin de papeterie et de gravure, qui ne tarda pas à avoir une excellente clientèle, et il était là en fort bons termes avec ses voisins, qui estimaient beaucoup M. William Dickson.

Il s’en allait passer tous les dimanches chez ses amis Welter à Berbice, et correspondait fréquemment