Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/265

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veux pas être reconnu, grâce à cette petite irrégularité de la vue dont la nature aurait bien pu se dispenser de me faire cadeau à ma naissance.

« Je suis donc allé à Mantes, où l’un des employés du percepteur m’a tout de suite fixé.

« Mme  Ronsart se présentait à son bureau avec un certificat de vie légalisé par le maire de Verneuil, une petite localité voisine. J’y ai couru bien vite. Une route charmante, le long de la Seine. J’espère que tu ne tarderas pas à faire avec moi cette promenade-là.

« À Verneuil, le premier boutiquier que j’ai interrogé, d’un air indifférent, m’a dit où demeurait celle que je cherchais ; et tu vas comprendre ma stupéfaction quand, arrivé à l’adresse indiquée, je me suis trouvé en face d’une grande villa, la « Villa Claude », ainsi que la désignaient ces mots en lettres d’or sur un cartouche encastré dans la grille qui fermait le jardin, jardin ravissant, plein de massifs de fleurs, au delà desquels je voyais un vrai petit château.

« La mère Ronsart devait être là dame de compagnie, gouvernante, lingère. Pas le moins du monde !

« Veuve fort riche d’un industriel du centre de la France, Mme  Ronsart est bel et bien propriétaire de la villa Claude et, de plus, grand’tante d’une fillette en pension chez les Visitandines de Mantes, Mlle  Claude, fillette ayant pour marraine une belle dame de Paris, Mme  Frémerol, qui vient à Verneuil tous les dimanches et les jours de fêtes.

« Cette belle dame-là, qui ça pouvait-il être ?

« J’avais bien aperçu et reconnu la tante un jour à travers la grille de son jardin ; il ne s’agissait plus que de rencontrer la marraine !