Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/281

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Neuf heures et demie venaient de sonner.

Au même instant deux hommes s’attablaient loin des becs de gaz, à l’extérieur d’un petit café de la place des Ternes, et se faisaient servir un carafon de cognac.

C’étaient Jean Mourel et son ami Durest.

— Ainsi, dit l’ancien clerc d’huissier à l’ex-forçat, tu es bien décidé à exiger de ta femme la moitié de sa fortune ?

— Ma part légitime tout simplement, répondit le faussaire.

— C’est vrai, puisque vous êtes mariés sans contrat, ce qui veut dire communauté de biens. Je n’ai pas oublié mon métier. Et si elle refuse ?

— Si elle refuse ? Oh ! elle ne refusera pas ! Si je veux tout, elle me donnera tout !

— Tu serais alors bien bon de te gêner. Et moi, qu’est-ce que j’aurai ?

— Je t’ai promis cinquante mille francs, et tu sais que je tiens ma parole. En quittant Reims, il y a vingt ans, j’ai juré de me venger. Dans un quart d’heure, ce sera chose faite.

— Dame ! Rose ne l’aura pas volé. Mais, dis donc, tu n’as pas peur de tomber dans quelque piège ? Si ta fidèle épouse avait prévenu la police ?

— La police ! Pour m’arrêter ? Es-tu bête ! Qu’est-ce qu’elle y gagnerait ? Sans doute, elle me ferait condamner à quelques mois de prison pour rupture de ban, puisque la cour d’assises, en plus de ma peine, m’a gratifié de la surveillance et que Paris m’est interdit. Et après ? Elle redeviendrait immédiatement Mme Mourel ! Or c’est surtout cela qu’elle craint, à