Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/282

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cause de sa fille plutôt encore que pour elle-même. Vois-tu un peu le faubourg Saint-Germain apprenant un beau matin que la noble duchesse de Blangy-Portal est tout simplement la fille d’un ex-pensionnaire de Cayenne !

— Sapristi ! c’est vrai, tu es le beau-père d’un duc ! C’est drôle tout de même !

— Je n’ai donc rien à redouter de ma femme ; elle a trop d’intérêt à ne pas faire de bruit. Elle se taira et financera… autant que je le voudrai.

— Et j’aurai mes cinquante mille francs ?

— Et tu auras tes cinquante mille francs tout ronds, les trois mille que je t’ai déjà donnés ne comptant pour rien.

— Ah ! tu es un véritable ami ! Je pourrai donc devenir patron à mon tour, fonder le cabinet d’affaires que je rêve depuis si longtemps. Je me ferai surtout une clientèle de femmes.

— Tu seras le conseiller des dames.

— Avec elles on ne perd jamais complètement ses honoraires.

— Toujours amateur du beau sexe ! Eh bien, c’est parfait ! Chacun son go&t. En attendant, comme il ne faut pas faire poser une femme, pas même la sienne, et qu’il ne doit pas être loin de dix heures, en route !

En disant ces mots, Mourel avait frappé sur la table de marbre avec une pièce de monnaie ; le garçon accourut, il lui paya les consommations et, suivi de son compagnon, s’éloigna du café dans la direction du parc Monceau.

Ils furent bientôt en face des grilles de l’ancienne propriété des d’Orléans.