Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/283

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Ainsi que l’avait dit Geneviève, cet endroit du boulevard était absolument désert ; de plus, l’administration de la voirie s’était emparée de l’espace réservé aux trottoirs pour y établir les égouts et les conduites de gaz, et il y faisait nuit complète.

— Tu connais la porte ? demanda Durest à son ami, qui marchait le premier, en se garant des matériaux dont était encombré le revers de la chaussée.

— Je suis venu faire une reconnaissance en plein jour, répondit l’ancien forçat, et j’ai eu raison, car le diable si, sans cette précaution, je pourrais retrouver cette porte-là ce soir. Tiens, la voilà ! Ne viens pas plus loin. Attends-moi.

— Parbleu ! et avec impatience. Cependant ne te presse pas pour moi ; les affaires sont les affaires !

Le gredin s’était assis sur un tas de sable, et, d’une allumette frottée contre le talon de sa chaussure, avait allumé sa pipe, indiquant ainsi qu’il était disposé à rester là aussi longtemps que ce serait nécessaire.

Mourel, lui, continua de longer la muraille pour gagner la petite porte grise qu’il venait de montrer à Durest.

On eût dit que cette porte était fermée, mais, en la touchant de la main, le mari de la Frémerol reconnut qu’elle reposait seulement contre l’encadrement.

Alors, après s’être assuré d’un coup d’œil qu’il ne passait personne sur le boulevard, il l’entrebâilla, se glissa dans le jardin et la repoussa doucement derrière lui.

Cela fait, il se dit, en fouillant du regard les massifs :

— Maintenant, orientons-nous. Fichtre ! qu’il fait