Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/285

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Et il s’enfonça dans un fauteuil, le chapeau rejeté en arrière, un sourire goguenard aux lèvres, sa canne sur ses jambes croisées, et dévisageant impitoyablement la malheureuse dont le sort était entre ses mains.

Après quelques secondes de silence, il se décida enfin à prendre la parole.

— J’aurais pu, dit-il, au lieu de passer par la petite porte que tu m’as fait prendre, me présenter tout simplement à ton hôtel par la rue de Prony mais, sans doute, tu ne m’aurais pas reçu, et le scandale que tu veux éviter aurait éclaté tout de suite. Me voici donc chez toi… incognito. Il ne s’agit plus que de nous entendre. Combien as-tu de millions ?

— Que vous importe, si je vous donne tout l’argent que vous exigerez pour payer votre silence… et votre départ de Paris, votre éloignement de la France.

— Mon éloignement de la France ? Ah diable ! Tu n’exigeras pas cependant que je retourne sur les bords du Maroni, où tu m’as laissé crever de misère et de faim !

— Ça n’est pas pour revenir sur le passé que vous m’avez demandé ce rendez-vous. Arrivons au fait. Il faut que je soie ce soir à Verneuil. Or le dernier train part à onze heures et demie.

— Et si elle ne te voyait pas ce soir, Mme la duchesse de Blangy-Portal, ta fille, notre fille, serait inquiète.

La Frémerol pâlit, mais cependant ne broncha point.

— Eh bien ! reprit Mourel, puisque tu veux en terminer rapidement, tu me donneras trois millions.

— Vous avez perdu la raison fit Geneviève en haussant les épaules.