Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/293

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tre ; il vit cet homme se débarrasser de son fardeau dix mètres plus loin, revenir en se glissant pour rentrer dans le parc dont il l’entendit refermer la porte, puis s’éloigner en courant.

– Sacrebleu ! pensa-t-il, qu’est-ce que cela veut dire ? Est-ce qu’il serait arrivé malheur à Mourel ? Est-ce que c’est lui qui est là-bas ? Il ne bouge pas ! Est-ce que…

Mais l’ex-clerc d’huissier, paralysé par la peur, n’osait pas bouger lui-même.

Enfin il s’y décida et, tout en rampant, un peu par prudence et beaucoup peut-être parce qu’il ne pouvait pas se tenir debout, il arriva auprès de son ami, qui gisait étendu, les jambes à demi dans la tranchée.

– Eh ! Jean ? fit-il, en lui soulevant la tête.

Mais il la laissa tomber tout de suite en bégayant :

– Nom de nom, il est mort !

Si sombre que fût la nuit, il avait pu cependant reconnaître que le visage de Mourel était inondé de sang, et, au toucher, qu’il n’avait plus devant lui qu’un cadavre.

— Elle l’a tué, la coquine ! murmura-t-il… ou elle l’a fait assassiner par un de ses domestiques, En voilà une affaire ! Je lui avais bien dit de se méfier. Eh bien ! et moi, maintenant, je n’ai qu’à filer ! Voilà mes cinquante mille francs au diable ! Il ne me manquerait plus que de me faire pincer par la rousse.

Il frissonnait, jetant autour de lui des regards effarés, et n’osait se relever pour fuir.

Un peu rassuré cependant par le silence qui ré-