Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/304

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Mais si cela arrivait, il faut au moins vous préparer à ne pas vous trahir dès les premières investigations qui seront faites de votre côté.

— Oui, vous avez raison, cent fois raison, mon bon docteur, répondit Geneviève d’une voix sombre, mais comment voulez-vous que j’oublie que moi, moi, j’ai… Ah ! cela est vraiment horrible ! Cet homme, si misérable qu’il fût, était mon mari. N’avait-il pas le droit de m’imposer ses volontés ? D’ailleurs, ne me suis-je pas effrayée trop vite ? Aurait-il fait ce qu’il me menaçait de faire ?

— N’en doutez pas ! Si ses intentions n’avaient pas été telles qu’il vous les avait avouées, il s’y serait pris autrement. S’il s’était senti fort de son droit, il n’eût pas agi comme il l’a fait. C’est dans votre fille surtout qu’il voulait vous atteindre, pour obtenir de votre terreur ce que les tribunaux lui auraient refusé, il le savait bien ! Ce n’est pas la femme qu’il violentait en vous, c’était la mère ! Vous avez défendu votre enfant, vous avez fait justice !

— En votre âme et conscience ?

— Je vous le jure ! Il ne faut donc pas perdre par un manque de sang-froid et par un remords exagéré le bénéfice d’un acte dont la fatalité seule est l’auteur. Il est nécessaire de nous préparer à tout, mais, pour que je vous sois un auxiliaire complètement utile, il faut que je connaisse moins sommairement que vous ne me l’avez dit hier ce qui se rapporte à ce retour inattendu. Oh ! vous pensez bien que ce n’est pas par curiosité que je vous questionne !

— Est-ce que vous n’avez pas le droit de tout savoir !