Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/308

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur libération. Je m’adresserai à Reims. En attendant, il faut vous armer de courage et de sang-froid. Vous sentez-vous assez forte pour garder en face de la duchesse toute votre présence d’esprit ?

— Je ferai, pour dissimuler, des efforts surhumains.

— Faites seulement des efforts maternels, et vous réussirez. Votre chère enfant va vous trouver les traits fatigués, prétextez une forte migraine ; reposez-vous toute la journée et ne bougez pas de Verneuil. Moi je retourne à Paris, d’où, au fur et à mesure que j’apprendrai quelque chose d’intéressant, je vous le ferai savoir.

— Que vous êtes bon ! comment pourrai-je jamais reconnaître ?

— Est-ce que je ne suis pas le gardien naturel du bonheur de Claude ? Oh ! pardon, de Mme  de Blangy-Portal, puisque c’est moi qui l’ai mariée !

Guerrard avait lancé ces mots avec une telle chaleur, une telle expression de dévouement exalté que Geneviève eu fut frappée, et, comme, un peu honteux de ne pas être resté plus maître de lui, il rougissait et gardait le silence, une pensée toute nouvelle envahit la pauvre mère et elle lui dit, en le regardant bien en face :

— Docteur, vous aimez ma fille ?

— Vous n’en avez jamais douté ! répondit Paul vivement, en affectant de ne pas croire que Mme  Frémerol pût donner à ce mot « aimer » une acception différente de celle d’une respectueuse affection.

— Oh ! vous me comprenez bien, fit-elle, en hochant la tête. Ne vous en défendez pas. D’ailleurs en pour-