Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/31

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— Vous me maintenez en état d’arrestation ?

— Sans aucun doute ! Vos aveux vous vaudront peut-être l’indulgence du jury, mais ils ne sauraient vous épargner l’emprisonnement préventif.

Et sans s’occuper davantage du dénonciateur, qu’un gendarme allait conduire en prison, le magistrat fit immédiatement le nécessaire pour qu’une commission rogatoire suivît l’affaire à Paris, en pratiquant sans retard des perquisitions dans l’appartement du faussaire, rue de l’Est, et en interrogeant ses concierges, pour savoir quelles étaient ses relations habituelles, car Durest n’en avait désigné qu’une partie : quelques femmes de mœurs légères et trois ou quatre artistes du quartier latin.

Le lendemain matin, après avoir passé une nuit horrible, Rose reçut l’ordre de se rendre le jour même au parquet. Elle y arriva toute tremblante.

Quand un garde lui commanda d’entrer chez le juge d’instruction, elle obéit en s’appuyant le long des murs.

La jeune femme était méconnaissable. M. d’Orcières qui pensait d’ailleurs, ainsi que le commissaire de police et M. Morin, qu’été avait toujours ignoré le véritable métier de son mari, en eut pitié, et il lui dit avec douceur, en lui faisant donner un siège par son greffier :

–Remettez-vous, madame, la justice n’est à craindre que pour les coupables ; je ne veux vous demander que quelques explications.

À ces paroles de bonté auxquelles Mme  Mourel ne s’attendait, pas, elle leva ses beaux yeux remplis de larmes et répondit timidement :