Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/332

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là-bas, où il n’aura pas de camarades de son âge, où il sera toujours entre Thérèse et moi.

— Vous me dites cela sur un ton étrange.

— Ah ! mon ami, c’est que votre fils semble se plaire fort peu avec nous ! Je m’étais promis de ne jamais aborder cette question, mais j’éprouve un si vif chagrin du peu d’affection qu’il me témoigne, que je ne puis me taire plus longtemps. Et cependant, je n’ai pas besoin de vous l’affirmer, je fais tout au monde pour m’en faire aimer.

— J’en suis convaincu, mais Gontran est un enfant peu expansif.

— Et que sa tante indispose peut-être aussi contre moi ?

— Cela, c’est bien possible. La comtesse de Lancrey ne m’a jamais pardonné mon mariage, et elle me le pardonne encore moins depuis qu’elle n’ignore pas combien vous êtes belle, bonne et tout à fait de notre monde.

— Des compliments !

— Non pas, des vérités. Et c’est précisément pour enlever mon fils à l’influence de sa vénérable tante que je ne le lui laisse pas cette année jusqu’à la fin de la saison, ainsi que je le faisais depuis la mort de sa mère. Je parlerai à Gontran, je…

— N’allez pas au moins le gronder !

— Non, mais je tiens à ce qu’il sache qu’en ne vous aimant pas et en n’étant pas pour sa sœur ce qu’il doit être, il me cause beaucoup de peine. Mais permettez-moi de vous quitter, j’ai de nombreuses courses à faire et j’irai demander à déjeuner à Guerrard. Je n’ai pas de ses nouvelles depuis plus d’un mois.