Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/334

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s’était lancée dans la grande vie parisienne, où bientôt elle avait atteint le premier rang.

C’est alors que M. de Blangy-Portal en était devenu fort épris, au retour de son voyage de noce.

À cette époque, bien qu’il ne fut marié que depuis quelques mois, le duc trouvait déjà fort lourd le nouveau joug conjugal que ses dettes l’avaient contraint d’accepter, et au lieu de n’éprouver pour celle qui l’avait sauvé de la ruine que de la reconnaissance et de l’affection, il ne ressentait au contraire qu’une profonde humiliation d’être à sa merci pour les questions d’argent.

Témoigner à sa femme de la tendresse lui semblait une sorte de lâcheté ; il ne comprenait pas, dans son sot orgueil, qu’aimer Claude autant qu’elle le méritait et l’entourer de respect, c’eût été là le seul moyen d’expliquer et de se faire pardonner sa mésalliance.

Il était arrivé alors une chose en quelque sorte fatale. Ne trouvant pas chez lui, parce qu’il n’avait pas voulu se contenter d’étendre la main pour le saisir, le bonheur honnête, il s’était jeté dans des affections malsaines, avait connu la Morton et en était devenu l’esclave soumis.

Après l’avoir accompagné à Luchon, où elle l’avait aidé à dévorer tout l’argent dont il disposait, Léa était rentrée avec lui à Paris en le menaçant de reprendre sa liberté, s’il ne l’installait pas ainsi que devait l’être la maîtresse d’un grand seigneur tel que lui.

Robert, affolé, avait tout promis sans trop savoir comment il s’y prendrait pour tenir ses promesses, puis il s’était cyniquement adressé à la duchesse, qui,