Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/339

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le moindre remords, mais il craignait que quelque écho de sa liaison avec Léa n’arrivât jusqu’à Mme  Frémerol, qu’il n’en résultât quelque enquête de la part de cette femme fort expérimentée en semblable matière, et qu’en apprenant le cadeau qu’il avait fait d’un hôtel à sa maîtresse, elle ne se demandât dans quelle caisse il prenait tout l’argent qu’il gaspillait ainsi des deux mains.

Il était certain que Claude ne parlerait pas à sa mère de la signature qu’il lui avait demandée, mais il était moins assuré de son mutisme, si Geneviève éveillait ses soupçons et sa jalousie.

Car si Robert n’aimait pas sa femme, il ne doutait pas, partageant ainsi la fatuité de la plupart des hommes, qu’elle ne fût trop heureuse de l’avoir pour mari, et il voyait déjà son existence bouleversée par des scènes intimes qui ne lui permettraient guère d’avoir de nouveau recours à elle pour parer à des embarras financiers.

Ces pensées le troublaient fort, et comme il ne pouvait causer en toute liberté devant le domestique qui servait, il déjeûna rapidement et pria le docteur de faire verser le café dans son cabinet, où bientôt les deux jeunes hommes se trouvèrent seuls.

Alors, s’efforçant de prendre légèrement la situation, le duc dit à Paul :

— Puisque tu es si bien renseigné, j’espère que tu ne me trahiras pas. D’autant plus que les choses ne sont pas aussi graves que tu le supposes. Il ne s’agit entre Léa et moi que d’une liaison qui ne durera que ce que durent ces liaisons-là.

— Mon cher, répondit Guerrard, je veux bien te