Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/347

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La duchesse en fut tout à fait convaincue, lorsque, la première fois qu’elle s’absenta d’Houlgate, elle arriva à Brimborion sans avoir rencontré sur sa route un seul visage de connaissance.

Cette première réunion de Geneviève et de Claude leur causa à toutes deux un égal bonheur.

Mme  Frémorol parut si gaie et si heureuse que sa fille ne se douta pas un seul instant des angoisses qui la torturaient, et, le soir, lorsqu’elles se quittèrent à mi-chemin de Trouville, ce fut en s’embrassant avec tendresse et en se donnant rendez-vous pour un jour très prochain.

Le lendemain, quand son mari rentra à Houlgate, Mme  de Blangy-Portal lui raconta qu’elle avait fait une longue promenade avec Thérèse dans les environs, pendant que son fils visitait Dives et Cabourg avec son précepteur, et cela sembla tout naturel à Robert, qui, pris entièrement par sa maîtresse, s’intéressait fort peu d’ailleurs aux faits et gestes de sa femme légitime.

Il l’encouragea même gracieusement à ne pas trop se cloîtrer, tout en la priant de ne pas aller à Trouville, où sa présence pourrait le forcer de lui présenter quelques-uns de ses amis de jadis, qu’il désirait ne pas recevoir rue de Lille.

Bien que le mensonge lui répugnât comme à tous les cœurs honnêtes, Claude se résigna à être moins franche que de coutume, en faisant à son mari cette réponse un peu jésuitique, mais bien excusable en raison du motif qui l’y poussait :

— Je n’ai nul désir de me faire voir à Trouville. Je ne comprends pas ces stations balnéaires où l’on est