Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/354

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vit sa mère et elle était mère elle-même. S’était-elle donc imaginé qu’un de Blangy-Portal serait un de ces époux niais dont les femmes sont maîtresses au logis ? Allons donc ! Il entendait être libre, dût-il briser les vitres, pour affirmer sa volonté de jouir de cette liberté.

Et le triste sire, se montant ainsi la tête, se promit de se gêner moins encore désormais qu’il ne l’avait fait jusque-là.

Au même instant à peu près, Guerrard arrivait à Villerville, fort inquiet des termes pressants de la dépêche que lui avait adressée Mme Frémerol.

Celle-ci le mit rapidement au courant de ce qui s’était passé l’avant-veille.

Il est certain que cela est fâcheux, répondit le docteur, mais il ne faudrait pas cependant y attacher trop d’importance. Il n’y a peut-être là qu’un hasard malheureux, un fait isolé. Je connais Robert depuis dix ans ; jamais les femmes ne lui ont fait faire de grosses sottises. Il ne s’agit que d’une liaison passagère, si même cette liaison existe réellement. Il n’est pas possible qu’un homme tel que lui s’attache sérieusement à une fille comme cette Léa Morton.

— Vous la connaissez ?

— Comme tout Paris la connaît.

— Et M. de Blangy-Portal n’hésite pas à s’afficher avec elle ! Eh bien ! moi, je crois les choses plus graves que vous ne le pensez ou que vous ne voulez me l’avouer, et ce nouveau coup m’accable ! S’il m’arrivait un malheur, que deviendrait ma pauvre enfant ?

– Quel malheur pourrait-il vous arriver ? Vous êtes jeune, bien portante, et vraiment…