Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/355

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— Quel malheur ? Mais pensez-vous donc que j’oublie cette épouvantable nuit ?

– C’est bien là cependant ce que vous devriez faire, afin de faire comme tout le monde. Il y a longtemps que Paris entier n’y songe plus.

— Et le parquet ?

— Le parquet ? Dans un mois, il aura classé l’affaire, selon l’expression consacrée, c’est-à-dire qu’il l’aura enterrée.

— Ah ! Dieu vous entende ! Mais autre chose. Avec quel argent M. de Blangy-Portal entretient-il cette Léa ? Il n’a pas de fortune personnelle, nous le savons vous et moi, et les revenus de la dot de Claude doivent à peine suffire à son train de maison. Soyez certain que, de nouveau, il s’endette… à moins que ma fille… Il faudra que je lui demande…

— Ne lui demandez rien. Vous lui causeriez un grand chagrin.

— Pourquoi ?

— Je sais que Mme de Blangy-Portal a autorisé l’an dernier son notaire à avancer à M. de Blangy-Portal une somme de deux cent mille francs.

— L’an dernier ! Comment a-t-il motivé cette avance ?

— Il voulait, je crois, s’intéresser dans une affaire de terrains du côté de Nice.

— Ou plutôt il avait perdu à Monte-Carlo deux cent mille francs. C’est peu, mais si Claude est entrée dans cette voie, elle ne s’arrêtera pas, d’abord parce qu’elle ignore absolument la valeur de l’argent, et ensuite par amour-propre et pour que les embarras financiers de son mari me restent ignorés. Je ne veux pas ques-