Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/368

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en rester là et ne pas hésiter une seconde à te séparer de biens.

— C’est mon intention, répondit Claude mais pour éviter tout scandale, voici ce que je vais proposer à M. de Blangy-Portal. Il me reste plus de trois millions ; s’il veut laisser prononcer notre séparation de biens sans débats, je lui abandonnerai un demi-million en toute propriété.

— Tu es folle !

— Non pas, mais je connais le duc : si je ne lui offre pas un marché, il résistera et se vengera en m’infligeant toutes les humiliations ; tandis que pour entrer immédiatement en possession d’une somme importante, il cédera. Il t’a bien vendu son titre et son nom il y a deux ans !

On ne saurait rendre l’expression de dégoût avec laquelle la malheureuse avait prononcé ces mots.

Après être restée un moment stupéfaite à cette nouvelle attitude de sa fille, si indulgente jusque-là, Mme Frémerol lui répondit :

— Oui, tu as raison. Néanmoins j’ai grand’peur que ce sacrifice ne te donne qu’une tranquillité momentanée. Le duc est sur une pente où glissent jusqu’au gouffre les plus grandes situations financières. Dans un an ou deux, lorsqu’il sera de nouveau gêné, il s’adressera encore à toi.

— Ce sera inutilement.

— Il te dira que je suis riche et…

— Il me l’a déjà dit.

— Le misérable ! Eh bien ! sois sans crainte, mes millions, sur lesquels il compte, ne tomberont jamais entre ses mains ! Je saurai bien prendre mes mesures