Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/375

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ques heures plus tard, possesseur de ses deux cent mille francs, il arriva à Houlgate, prêt à jouer l’ignoble rôle que lui avait imposé sa maîtresse.

Nous avons dit quelle résolution, d’accord avec sa mère, la duchesse avait prise. Elle était décidée à n’adresser aucun reproche à son mari et à ne lui résister, jusqu’au moment où il la contraindrait par un éclat, que par la force d’inertie, qui, chez la femme, est souvent une puissance invincible.

Aussi Robert, lorsqu’il se présenta devant elle, la trouva-t-il si calme qu’il ne put se douter un instant de toutes les révoltes qui soulevaient son cœur ulcéré, et, Claude, de son côté, en le voyant lui tendre amicalement la main, supposa qu’il n’avait pas encore reçu de nouvelles de son notaire.

Sa surprise n’en fut pas moins grande quand, après avoir demandé des nouvelles de sa fille, le duc lui dit d’un ton gracieux :

— Avez-vous déjà entendu la Patti ?

— Jamais, répondit-elle, fort étonnée de cette question.

— Alors je m’applaudis doublement de l’idée que j’ai eue de louer une loge pour la représentation qu’elle donne demain à Trouville. J’aurai le plaisir de vous conduire au théâtre.

— Moi, au théâtre avec vous, à Trouville !

Claude avait jeté ces mots tout d’une traite, emportée par la stupéfaction.

— Pourquoi pas ? fit M. de Blangy-Portal, ne sachant trop comment il devait interpréter l’exclamation de sa femme.

Mais celle-ci avait eu le temps de se remettre.