Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/380

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nière indiscrète et qu’elle n’éveillât ainsi les soupçons de Claude.

Il regrettait donc un peu d’avoir cédé à cette fantaisie de celle qui lui coûtait déjà si cher, mais il était trop tard, et ce fut le visage impassible, en époux sans reproche, qu’après s’être effacé pour laisser entrer Mme  de Blangy-Portal la première dans la loge, il prit place auprès d’elle.

On donnait ce soir-là le Barbier, et comme au moment de l’arrivée du duc et de sa femme, la Patti chantait la cavatine du premier acte, on ne fit pas attention à eux, mais quand le rideau fut tombé sur le final, toutes les lorgnettes se braquèrent de leur côté, et presque instantanément il se fit un mouvement de curiosité à leur endroit.

Tout le monde connaissait Robert et savait qu’il était marié, mais parmi cette assistance essentiellement parisienne, il n’y avait peut-être pas dix personnes qui eussent jamais vu sa femme, tandis que sa liaison avec la Morton était connue de tous. Il est donc aisé de penser la stupéfaction que causait la présence de la duchesse au théâtre, et les commentaires auxquels cette présence donnait lieu.

Les regards allaient de Claude à Léa, qui occupait une loge du côté opposé à celle des de Blangy-Portal, et les chuchotements ainsi que les sourires malicieux se croisaient.

On comparait la maîtresse à l’épouse, et si l’on trouvait la première d’une beauté plus troublante, on était d’accord pour reconnaître que la seconde était pleine de charme et vraiment digne, par sa distinction de la couronne ducale.