Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/381

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La Morton comprenait sans doute ce qui se passait, car, avec une moue de dépit, elle demeurait les yeux fixés sur Mme  de Blangy-Portal qui, elle, intérieurement flattée des hommages visibles dont elle était l’objet, affectait au contraire de ne pas s’en apercevoir, tandis que Robert, comprenant, non l’inconvenance mais la sottise qu’il avait commise, s’était réfugié dans le fond de sa loge.

Il arriva alors ce qui était fatal, c’est que les regards de Claude, en quelque sorte attirés par ceux de Léa, se rencontrèrent, et alors, se retournant brusquement vers son mari, la duchesse lui dit d’une voix étranglée :

— Vous auriez pu m’épargner l’humiliation de cette promiscuité !

Le duc feignant de ne pas comprendre, sa femme reprit aussitôt :

— Je ne veux pas rester ici ; je cède la place à Mlle  Morton ; mais pour ne causer aucun scandale, je ne partirai que quand le second acte sera terminé. Veuillez donner l’ordre de faire avancer une voiture.

M. de Blangy-Portal était atterré. Jamais Claude ne lui avait parlé de la sorte. De plus, comment connaissait-elle Léa ? Qui donc l’avait aussi bien renseignée ? Furieux et honteux tout à la fois de la situation où il se trouvait, il ne chercha pas à nier, mais répondit sèchement :

— Je ne sais ce que vous voulez dire ! Est-ce que j’ai le pouvoir d’empêcher telle ou telle personne d’assister à une représentation publique ? Vous voulez faire une chose maladroite ? À votre aise ! Vous pouvez même partir tout de suite si cela vous convient !