Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/416

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Alors Robert s’écria, tout joyeux :

— Ma foi ! je t’aime mieux ainsi, car je t’avoua que tes mercuriales commençaient à m’agacer joliment, tandis que maintenant je puis compter sur toi pour me défendre auprès de Claude et de son auguste maman.

— Cher ami, ne plaisante pas trop Mme Frémerol ; elle a une belle demi-douzaine de millions et sa santé n’est pas bonne.

— Sapristi ! qu’est-ce que tu me dis là ? fit le duc en bondissant du divan où il était à demi étendu ; ma chère belle-mère est malade ? Ce n’est pas le moment de me brouiller avec ma femme ! Il est vrai que si elle obtient notre séparation de biens…

— Et elle l’obtiendra facilement…

— Je le crains ; si elle obtient un jugement contre moi, je ne serai pas plus riche quand elle aura hérité, à moins qu’elle ne fasse pour ses rentes futures ce qu’elle veut faire pour celles qu’elle a aujourd’hui.

— Que veut-elle donc faire de ses rentes ?

– Son avoué a l’ordre, c’est elle-même qui me l’a dit, il n’y a qu’un instant, d’obtenir du tribunal de ne lui réserver que 20.000 fr. annuels sur ses revenus et de me laisser l’entière disposition du reste.

— Comment, la duchesse te donne ta liberté et 150.000 livres de rente, et tu te plains ! Tiens, tu n’es qu’un ingrat ! Sois donc assez malin pour qu’un jour elle dispose de la fortune qui lui reviendra comme elle dispose de celle qu’elle possède en ce moment.

— Tu as raison, mais en attendant…

— En attendant, Mlle Morton tirera un peu la langue. Eh ! ça ne sera pas là de sa part une si vilaine