Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/418

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Décidément, pensait-il, son ami commençait à en avoir assez de la sagesse et de son rôle de Mentor. Au fond, il en était ravi, d’abord parce que, depuis trois ans, Guerrard lui manquait réellement comme compagnon de fêtes et comme confident, et parce que, de plus, il espérait bien que, revenu à son indulgence de jadis pour lui, il pourrait à l’occasion le servir auprès de la duchesse et de sa mère, avec lesquelles il ne tenait pas entrer en lutte ouverte.

Il craignait seulement que le docteur ne perdît l’influence qu’il avait toujours eue sur Mme Frémerol et sur sa fille, si elles s’apercevaient de ce retour à une intimité qui leur coûtait si cher à toutes les deux, car il ne s’imaginait pas que ce fût lui seul que son ami avait l’intention de tromper.

C’était cependant le but unique de Paul.

Certain que ses observations et tous ses reproches seraient chaque jour moins bien accueillis par le duc, jusqu’au jour où il lui fermerait sa porte et le mettrait ainsi dans l’impossibilité de protéger Claude, il avait pris la résolution de jouer désormais auprès de lui une comédie qui lui permettrait d’être toujours au courant de ses faits et gestes.

Le malheureux ne réfléchissait pas à ce qu’il aurait souvent à souffrir dans son amour pour la duchesse ; il ne songeait qu’à tenir le serment qu’il avait fait à Geneviève de veiller sur sa fille.

Aussi, dès ce moment, redevint-il le commensal fréquent de l’hôtel de la rue de Lille et forcément, pour ne pas éveiller les soupçons de Robert, son second dans maintes parties de plaisir, abandonnant parfois ses malades pour le club, où M. de Blangy-Portal