Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/422

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Empoisonnée ! Avec quoi ?

— De la morphine, j’en suis convaincu ; elle présente tous les symptômes de ce genre d’intoxication. J’ai commis l’imprudence de laisser à sa disposition une solution de chlorhydrate de morphine, pour se faire des piqûres hypodermiques ; elle souffrait d’horribles douleurs névralgiques ; je ne pouvais me douter qu’elle en ferait un semblable usage !

— Mais alors, rien de plus simple, vous le savez mieux que moi !

— Elle a renversé le café qu’on lui a offert et rejeté l’émétique que j’étais parvenu à lui faire prendre de force.

— Monsieur Guerrard ! appela au même instant Geneviève venez, je vous en prie !

Paul, épouvanté, s’approcha vivement de Mme Frémerol dont toute la physionomie trahissait les souffrances qu’elle supportait avec un courage héroïque ; et il allait l’interroger, lorsque, lui donnant une lettre qu’elle avait tirée de dessous son oreiller, en même temps qu’une épaisse et large enveloppe, elle lui dit d’une voix saccadée :

— Ne me demandez aucune explication, mon ami, mais lisez ceci, que m’a apporté ce matin le petit jardinier de Verneuil, et vous comprendrez pourquoi je dois mourir.

— Mais, moi, je ne veux pas que vous restiez ainsi sans secours ! Vous oubliez votre fille !

— C’est parce que je ne l’oublie pas, au contraire ! Oh ! lisez, je vous en conjure ! Mes instants sont comptés. Vous voulez donc que je meure désespérée !

La pauvre femme avait jeté ces mots avec un tel