Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/424

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« Que répondrai-je, si je suis interrogéede nouveau ? Dois-je venir causer de cela avec toi ? Donne un mot à Baptiste. J’ai trouvé plus prudent de te l’envoyer que de t’écrire par la poste.

« Il est probable qu’on cherche après toi, tout simplement parce que ton mari est mort et qu’il faut t’apprendre officiellement que tu es veuve. Lorsque tu verras Claude et son bébé, embrasse-les bien pour leur vieille tante qui les aime ainsi que toi de tout son cœur. — Joséphine Ronsart. »

— Et c’est à cause de ce que renferme cette lettre que vous avez attenté à vos jours ? demanda le docteur à Geneviève, aussitôt sa lecture terminée.

Mme Frémerol, dont les traits se décomposaient à vue d’œil, ne répondit que par une inclinaison de tête, mais comme Paul faisait un mouvement pour s’éloigner, car il voulait au moins tout tenter pour soulager l’admirable mère, s’il n’était plus possible de la rappeler à la vie, el ! e lui saisit brusquement la main et, d’une voix si basse, si étranglée qu’il dut baisser la tête jusqu’à ses lèvres pour bien la comprendre, elle lui dit, en lui remettant le grand pli qu’elle avait tenu caché pendant que son médecin et sa femme de chambre étaient auprès d’elle :

— Emportez ceci, que personne ne le voie ! Vous en prendrez connaissance chez vous… Vous m’avez juré de protéger Claude, vous tiendrez votre serment… puisque vous l’aimez !

— Oui, je vous le jure ; mais je veux avant tout m’entendre avec votre docteur ; nous ne pouvons vous laisser souffrir ainsi ; il y a quelque chose à faire.