Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/454

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me contenterai de la saluer de loin, car, des fenêtres de mon cabinet de toilette, je vois tout ce qui se passe là-bas.

Robert savait que d’un hôtel on voyait, en effet, dans l’autre, et il frémit à la pensée que si sa maîtresse ne s’était pas absentée dans la matinée, elle aurait pu apercevoir et reconnaître la duchesse chez sa mère ; mais, heureux d’en être quitte pour la peur, il se remit un peu de ces coups successifs qu’il venait de recevoir et la soirée, ainsi que toujours, se termina gaîment chez la charmeresse.

Néanmoins, quand, en rentrant rue de Lille moins tard que d’habitude, le duc se rappela tout ce que, fort inconsciemment sans doute, Léa lui avait dit de Mme  Frémerol, de son isolement à la dernière heure, de sa vie et de sa riche succession, il ne put s’empêcher de faire un retour sur lui-même, et s’il ne reconnut pas que sa conduite avec sa femme était indigne, il s’avoua du moins qu’elle était absolument maladroite.

En s’y prenant autrement qu’il ne l’avait fait, pensa-t-il en affectant de partager le chagrin que Claude devait éprouver de la mort de sa mère, il en eût aisément obtenu tous les sacrifices nécessaires pour qu’elle évitât de se compromettre en cette pénible circonstance, et, de plus, elle lui aurait été reconnaissante de ses concessions.

Au lieu de cela, il avait été brutal et cruel. Il était à craindre qu’elle ne s’en souvînt à l’occasion. Comment réparer le mal ?

Il commença par demander hypocritement à Germain, qui était encore debout, des nouvelles de la