Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/468

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Mme  Frémerol, tu le comprends bien, ne t’aimait que médiocrement. Tu n’as pas été adroit, avoue-le, en affichant Lea, en la mettant en face de ta femme, en plein théâtre, en la logeant tout près de ta belle-mère. Je suis convaincu que celle-ci t’aurait passé tes folies d’argent, si tu avais un peu ménagé son amour maternel et l’orgueil de sa fille.

— Tu les défends, maintenant !

— Je te dis tout simplement la vérité, comme je la sens et non pas même telle qu’on me l’a fait apercevoir, car la mère de la duchesse ne m’a jamais formulé contre toi de plaintes sérieuses. Elle me pardonnait peut-être moins, à moi, ton mariage, qu’elle ne désapprouvait ta propre conduite. Il se peut fort bien certainement qu’elle ait donné sa fortune à Mme  Ronsart par peur de toi, quoique, au fond, cela se ressemble fort, que l’héritière soit ta femme ou soit sa tante, puisque cette tante n’a pas d’autre héritière que sa nièce. Mais il y a encore autre chose, et tu dois peut-être remercier Mme  Frémerol d’y avoir pensé.

— Quelle autre chose ? Tu deviens réellement fort intéressant.

— Tu vas l’avouer toi-même. Si Mme  Frémerol avait laissé sa fortune à sa fille, cela aurait parfaitement pu donner lieu à quelque contestation judiciaire. Ne sais-tu pas que l’enfant naturel ne doit hériter de son père ou de sa mère que dans une mesure fixée par la loi, sauf dans le cas où le père ou la mère n’ont pas de collatéraux ? Or qui nous dit que Mme  Frémerol n’a pas quelques cousins ou cousines qui auraient revendiqué, le code a la main, une partie de sa succession. Tu vois d’ici le joli scandale ! Tandis que Mme  Ronsart