Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/469

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est une héritière par testament en bonne forme, contre laquelle des parents affamés n’ont aucun recours.

— Oui, tu as peut-être raison. Mais comprends-tu que ma… ta vieille amie n’avait que son hôtel et quelques petites propriétés ?

— D’abord l’hôtel de ma vieille amie, comme tu dis, vaut plus d’un gros million, sans compter la galerie et les objets d’art qu’il renferme. Et quant au chiffre de sa succession, il se peut fort bien qu’il ne soit pas en réalité plus élevé. Mme Frémerol s’était peut-être dépouillée en partie pour donner cinq millions de dot à sa fille. De plus, il est possible que, depuis cette époque, elle ait perdu beaucoup d’argent dans quelque affaire que nous ignorons.

— Alors tu me conseilles de ne pas tenter de revendication ?

— Certes oui, car ce serait provoquer sur la dot de ta femme et la source de la fortune de sa mère des révélations fort désagréables.

Guerrard songeait surtout à tout ce qu’il y aurait de dangereux dans un conflit judiciaire où le nom de Rose Lasseguet, dite Frémerol, serait prononcé.

La répétition de ce nom sous les voûtes du Palais de Justice pourrait suffire pour rappeler au juge d’instruction chargé de suivre l’affaire du boulevard de Courcelles que la victime de cet assassinat mystérieux, ce Jean Mourel, avait épousé une jeune fille de ce nom, Lasseguet. Alors ce magistrat, M. Destournel, arriverait sans difficulté à la duchesse de Blangy-Portal, et le bruit qu’il fallait éviter a tout prix pour la mémoire de la morte et pour le bonheur de son enfant éclaterait.