Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/476

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Durest a habité de nouveau sa ville natale puis il a trouvé une place au Havre, chez MM. Oulmann et Cie. C’est un employé modèle dont les patrons répondent tout à fait. Alors j’ai pensé qu’il était de mon devoir de ne pas compromettre cet homme, devenu honnête et laborieux. Je me suis seulement assuré qu’il n’avait pas quitté le Havre à l’époque de l’assassinat de Mourel.

« Or, le lendemain même de cet événement, à six heures du matin, Durest, ainsi qu’il en a l’habitude depuis longtemps, assistait à la sortie des bateaux de pêche. Je crains donc beaucoup que les malfaiteurs du boulevard de Courcelles ne restent introuvables, à moins qu’un jour le hasard, ce grand juge d’instruction, plus habile qu’aucun de nous, ne les mette entre les mains de la justice. »

On voit que Durest avait eu raison lorsque, venant de dévaliser Mourel, il s’était écrié, en rejoignant au pas de course la gare du Havre, pour y bondir dans le train de nuit :

— L’alibi, l’alibi, il n’y a que ça !

La vérité, c’est qu’à la fin de 1869, en raison de l’agitation qui régnait, le parquet de Paris, la brigade des recherches et la police de sûreté étaient tout à la politique. Les conspirateurs, vrais ou faux, étaient traqués, et les malfaiteurs y gagnaient d’autant en impunité.

L’affaire du boulevard de Courcelles était donc à peu près enterrée, mais en l’apprenant à Guerrard, M. Destournel lui avait fait savoir ce qu’était devenu Durest. C’était là un renseignement précieux, que le docteur se hâta de vérifier quelques jours plus tard, un se rendant au Havre.