Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/478

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l’avait tenu au courant de ce que faisait sa femme, mais encore il avait suivi le mari de Geneviève jusqu’au boulevard de Courcelles et là, après avoir vu apporter son corps ou après l’avoir retrouvé mort, il l’avait dépouillé.

Cela étant, le silence du misérable s’expliquait, mais il n’en restait pas moins une menace vivante pour la duchesse ; il était donc indispensable de ne pas le perdre de vue.

C’est ce que Paul se promit de faire, et il retourna à Paris, ou Claude poursuivait l’existence de recluse qu’elle avait adoptée depuis la mort de sa mère, après la réinstallation de Mme  Ronsart à Verneuil.

Elle ne descendait de son appartement que pour les repas, qu’elle prenait en commun avec Gontran, l’abbé Monnier et, de temps en temps, le duc et Guerrard, que son ami invitait parfois à déjeûner.

Les jours, trop rares, où le docteur était là, les choses se passaient convenablement ; mais lorsque la duchesse était seule avec son mari, son beau-fils et le précepteur, ou on gardait un silence presque complet et blessant, ou la pauvre femme était en butte à mille coups d’épingle.

Chacun s’en mêlait, même les gens de la maison, sauf Germain et Suzanne qui, sans le manifester ouvertement de peur d’être chassés, aimaient et plaignaient leur jeune maîtresse. Les autres ne l’appelaient jamais autrement que Mme  Claude.

Cependant l’infortunée ne se révoltait pas ; elle opposait un calme stoïque à toutes ces lâchetés, et quand, un matin, le duc eut la cruauté de s’opposer à ce qu’elle continuât de porter un deuil qu’il trouvait compromettant, elle obéit.