Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/480

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de leur labeur et de leur intelligence, ils en sentent plus douloureusement la perte, et si les leçons successives ne les corrigent pas, du moins elles les renvoient presque toujours aux sources honnêtes et sûres de leur revenus.

C’est autant de gagné sur la gangrène et le diable !

Il en est tout autrement du joueur qui ne fait rien. Et la preuve, c’est que dans les scandales dont les cercles de Paris et de province, grands ou petits, ouverts ou fermés, sont trop souvent le théâtre, les coupables sont généralement des oisifs, des hommes qui, n’ayant nulle autre industrie que le jeu, finissent par s’imaginer, dans l’aberration de leur sens moral, qu’ils ont le droit de tout exiger de lui, pour les satisfactions de leurs appétits.

M. de Blangy-Portal n’en était pas encore arrivé là, mais sa situation financière devint bientôt si mauvaise que, pour aller passer le carnaval à Nice, il emprunta trois cent mille francs sur son hôtel. Il partit ensuite avec Léa et le baron de Groffen, sans même prévenir la duchesse.

Celle-ci ne le sut que le lendemain par le docteur, mais elle n’en éprouva, cela se conçoit, nul chagrin. Elle n’en ressentit même aucune humiliation, tant elle était cuirassée contre tous les outrages.

L’absence de son mari était d’ailleurs pour Claude une véritable délivrance. Elle pourrait donc aller prier aussi souvent qu’elle le voudrait sur la tombe de sa mère et voir fréquemment Mme Ronsart.

Mais ce a quoi ta jeune femme n’avait pas songé, dans la chaste ignorance des passions qu’elle conservait malgré sa profonde affection pour Guerrard, c’é-