Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/487

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au milieu desquels va se poursuivre et se terminer notre drame.

Agir autrement, ce serait en quelque sorte admettre qu’on a pu déjà oublier et que la plaie faite au flanc de la patrie a cessé d’être saignante.

Or, pas plus que l’historien, le romancier n’a le droit de se rendre coupable d’une semblable calomnie !

La guerre avait donc été déclarée. Au combat heureux de Niederbronn et à la prise de Sarrebruck avaient rapidement succédé l’échec de Wissembourg, où le général Douai avait été tué, le désastre de Reischoffen, où nous avions lutté un contre quatre, puis la bataille presque victorieuse de Borny, et Guerrard ne savait ce que devenait M. de Blangy-Portal, s’il était toujours à Trouville ou s’il avait passé avec sa maîtresse en Angleterre, quand le 22 août enfin, au moment où on apprenait la marche de Mac-Mahon sur Sedan, il reçut un mot par lequel le duc lui annonçait son retour.

Le jour suivant, en effet, Robert se présenta chez le docteur.

— Ma foi, lui dit aussitôt Paul, je n’ai jamais été plus heureux de te revoir !

— Ah bah ! Et pourquoi donc ? fit M. de Blangy-Portal assez surpris.

— Parce que je craignais que Mme Morton ne t’eût forcé de l’accompagner à l’étranger.

— Tu as de moi une jolie opinion ! Tu te trompais doublement, à mon sujet d’abord et ensuite à l’égard de Léa. Au bord de la mer, elle ne suivait pas avec moins d’angoisse que moi tous nos échecs, et c’est elle qui a pressé notre rentrée à Paris.