Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/51

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— On dirait vraiment que tu as une de ces héritières-là sous la main, fit Robert en haussant les épaules.

— Non, mais on peut chercher. Il y a des agences ad hoc.

— Oui, je sais cela « À marier, deux millions de dot, jeune fille avec tare. Épouserait gentilhomme. » Et ceux qui font ces annonces-là n’osent pas ajouter : ruiné.

— Parbleu ! ça va sans dire mais je ne te parle pas d’une demoiselle avec tare… directe. Souvent ce qualificatif exprime seulement que, du côté du père ou de la mère, il y a un petit accroc. Dans ce cas-là, père et mère sont faciles à écarter. Ils se sacrifient au bonheur de leur enfant.

— C’est biblique ! Et l’enfant, par amour filial, va voir en cachette papa et maman. Ou bien la brave fille les abandonne tout à fait, et c’est une simple coquine. Jolie alternative ! Pouah !

— Si tu préfères le papier timbré, les poursuites, les saisies et le reste ! Tu sais que l’aimable Isaïe Blumer ne t’épargnera pas.

— Aussi me pousse-t-il, lui aussi, à me marier.

— Il a peut-être quelque belle fille de sa race à caser.

— Ah ! ça, non, jamais ! Je ne suis ni dévot, ni superstitieux, à peine croyant, mais il me semble que si j’épousais une juive, ceux de mes ancêtres qui se sont croisés avec Saint-Louis ainsi que le pape Urbain VIII, une des illustrations de ma race, sortiraient de leurs tombeaux pour me tirer par les pieds pendant la nuit.

— Tes nobles aïeux changeraient d’opinion rien