Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/511

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rain à ce point défoncé qu’il avait été impossible d’y amener une artillerie suffisante.

Cependant nos troupes se retirèrent en bon ordre, mais si nous avions infligé des pertes sérieuses à nos adversaires, les nôtres étaient cruelles : le peintre Henri Regnault, le capitaine Lambert et le colonel de Rochebrune étaient parmi les morts.

Quant au duc de Blangy-Portal, à la recherche de qui Guerrard, fort inquiet, s’était mis aussitôt les combattants rentrés, il n’apprit que fort tard dans la soirée qu’il avait été grièvement blessé et s’était fait transporter chez lui, où il avait dû arriver mourant.

Il se rendit alors bien vite rue de Lille, et il y trouva Robert dans l’état le plus alarmant. Frappé d’une balle dans le ventre, il souffrait le martyre. Cependant le danger n’était pas imminent. De plus, il avait toute sa raison, car il dit au docteur, en le voyant s’approcher de son lit :

— En ce moment, on court après toi. Ça devait finir comme ça ! Je n’en reviendrai pas. Ce que j’endure est atroce !

— D’abord, répondit Guerrard, tu vas me faire le plaisir de te calmer. Quand on n’est pas tué sur le coup, on peut toujours guérir. Nous verrons bien si tu n’en reviens pas !

— Tu es vraiment le meilleur des amis !

— Je préférerais être le meilleur des médecins. Je te défends de parler davantage.

Et il se mit à examiner l’horrible blessure que le duc avait reçue. Il lui suffit d’un instant pour être fixé. Elle était presque fatalement mortelle. Cette quasi-certitude lui causait une profonde douleur. Toute sa