Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/87

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nous. Or, pour le docteur, je ne veux et ne dois être que la mère de ma pauvre Claude.

— C’est bien ! je vais partir ! Vous savez cependant que j’aime votre fille comme si elle était la mienne.

Le brave homme était l’esclave absolu de la jeune femme. Si Alexandre Guerrard l’ignorait, cela était connu de tout Paris viveur et demi-mondain.

Il y avait déjà près de trois ans que ce faux ménage s’était constitué dans des circonstances que nous raconterons plus tard, et on disait que la belle charmeresse coûtait chaque année plus de deux cent mille francs au grand entrepreneur, sans compter les sommes considérables qu’il lui avait fait gagner en l’intéressant dans ses spéculations sur les terrains.

Mais c’était à Paris seulement que la Frémerol acceptait d’être aux yeux de tous la maîtresse de Berquelier.

Aussitôt à la campagne, loin de son milieu frivole, elle n’était plus que mère, tendre, dévouée, oubliant son abaissement, se relevant dans le plus pur des amours, prête à tous les sacrifices pour épargner une larme à sa fille, pour multiplier ses sourires.

Depuis que Claude avait été reprise aux braves gens qui avaient eu soin de son enfance, elle était entrée chez les Visitandines de Mantes, sous le nom de famille de sa mère, car Frémerol n’était qu’un surnom ; et un jour que le bon Berquelier avait acheté à Geneviève une villa, à dix minutes du couvent, afin qu’elle pût, tout à son aise, passer des journées entières avec sa fille, qu’elle ne voulait jamais amener à Paris, ce jour-là, bien heureuse, elle avait fait venir de province une vieille tante, veuve, honnête, d’une dis-