Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/415

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trade où siège la cour, suivent ces débats, et vous auriez vu, sur le visage de l’un d’eux, l’émotion poignante dont il était oppressé, pendant que l’on traînait aux gémonies celui qu’il a décoré lui-même sur le champ de bataille.

« En ce qui concerne le talent de Félix Barthey, dont vous ne faites pas plus grand cas que de sa valeur militaire, vous me permettrez de ne pas le discuter ici, mais de m’en rapporter de préférence à son juge naturel : le public, qui se dispute ses œuvres charmantes, qu’il y emploie ou n’y emploie pas du vert Véronèse. Ah ! vous ne vous doutiez guère, mon cher grand artiste, qu’en vous faisant adresser, par votre marchand de couleurs, de l’arséniate de cuivre, cela ferait de vous un empoisonneur, au lieu de vous laisser un peintre passionné pour les verts éclatants. Il est vrai que, si vous habilliez de rouge vos personnages ; si, comme Vibert, vous peigniez des cardinaux, le parquet de Vermel vous aurait accusé, sans doute, d’avoir empoisonné M. Deblain avec du sulfure ou du biodure de mercure, toxiques plus terribles encore que l’arséniate de cuivre. Que voulez-vous, monsieur le procureur général, nous ne sommes plus soumis à l’ordonnance royale du 29 octobre 1846 ; les fabricants de produits chimiques, sans le consigner sur un registre ad hoc, ce qui était une entrave à la liberté du commerce, peuvent aujourd’hui vendre aux artistes tous les sels