Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/87

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« Il nous est permis, à nous autres praticiens, d’user du chloroforme, de l’azote, de l’hypnotisme même, à l’exemple des fakirs hindous, de tous les anesthésiques enfin, pour endormir la douleur, non seulement de ceux que nous opérons, mais aussi de ceux dont la fin est fatale, imminente ; pourquoi priver des consolations du prêtre, des secours de la religion ceux qui doivent en éprouver des soulagements moraux et physiques tout aussi certains que si on leur administrait les anesthésiques les plus puissants ? Le phénomène nerveux de l’insensibilité peut être provoqué par l’exaltation de l’âme ; le courage peut naître de l’espoir d’une vie future ; la patience à supporter le mal peut prendre sa source dans des croyances que vous ne partagez pas ; le calme peut être donné par des consolations religieuses que vous niez. Or, le calme, la patience, le courage, l’insensibilité, c’est là ce que le médecin tente tout d’abord de procurer à ses malades. S’il y parvient, il les sauve souvent dans des cas qui semblaient désespérés.

« Alors, pourquoi refuser à la science ces auxiliaires si énergiques lorsqu’il lui est permis, dans le même but, d’user de tous les agents chimiques qu’elle a à ses ordres ? Si l’athéisme pouvait soulager le patient en lui disant : « Il n’y a pas de Dieu ; il n’y a rien après nous ; lorsque tu auras succombé au mal qui te torture, tu mourras tout entier, » moi, médecin, dont la mission est de