Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/102

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malgré les efforts de nos matelots, qui avaient été obligés d’armer leurs avirons, seulement à la fin de la journée suivante nous arrivâmes à Tanjore.

Nous avions remonté le Kavery à peu près pendant trente milles, rencontrant à chaque instant des bateaux chargés de riz ou de cannelle qui descendaient la rivière pour se rendre à Ceylan, et, douze ou quinze milles en avant de la ville, nous avions laissé en arrière un très-ancien et très-beau pont de pierre sur lequel passe la route de Karikal à Tanjore.

Cette ville, où nous vînmes débarquer à un affreux débarcadère en pierre aux marches duquel se pressaient des embarcations de toutes les formes, est l’ancienne capitale d’un petit royaume qui n’a jamais été soumis par les Mogols. Le brahminisme y a conservé toute sa pureté, et, par un hasard étrange, c’est justement dans cette contrée que le christianisme a fait le plus grand nombre de prosélytes.

Après avoir chargé nos bagages sur les épaules d’une demi-douzaine de parias, qui s’étaient élancés vers nous dans l’espoir de gagner quelques sapeks, nous réglâmes avec nos bateliers. Sûrs de nous tirer d’affaire, nous appelâmes sur eux toute la protection de Brahma. Après quoi nous les quittâmes en nous dirigeant du côté de la ville, afin de nous mettre à la recherche des moyens de poursuivre notre route vers Pondichéry.

À peine avions-nous dépassé, pour entrer dans