Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/113

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maine, se roulait en plusieurs tours un lourd collier de perles, et les lobes de ses oreilles étaient percés de quantité de petits trous à chacun desquels se balançaient, avec un cliquetis fort gracieux, des anneaux d’or larges comme des sequins.

Ainsi que ses compagnes, elle n’avait pas suivi la mode indienne, c’est-à-dire qu’elle n’avait au nez aucun anneau, tandis que ceux des autres bayadères leur tombaient sur les lèvres.

On eût dit que la gracieuse créature ne voulait aucun obstacle pour ses baisers.

Elle ne mâchait pas non plus de bétel, cela se voyait à la blancheur de ses dents, mais ses petits ongles étaient parfaitement rouges, grâce au henné, et sur son front s’étendait en travers une large raie jaune faite avec du safran. Sa chevelure, admirablement longue et soyeuse, était relevée de chaque côté par des rubans d’argent et retombait en arrière sur son cou, en boucles éparses, avec un charmant désordre.

Elle s’appelait Goolab-Soohbee, ce que sir John, enthousiasmé, me traduisit par Rose du matin, et elle brillait au milieu de ses compagnes comme son aïeule Laïs au milieu de la foule qui la conduisait, lorsqu’elle allait au temple de Vénus.

Dans un des coins de la salle se tenaient accroupis des badia-caras, c’est-à-dire de pauvres diables de musiciens à demi-nus, frappant, grattant ou pinçant des instruments de toutes les formes, desquels