Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/127

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Le poète hindou conclut peu galamment que le plus grand malheur est d’avoir deux femmes, surtout sous le même toit, et que Vischnou eût dû se contenter d’une de ses deux épouses, attendu qu’une seule femme suffit souvent pour faire le malheur d’un homme.

Mes regards allaient d’une idole à l’autre et je me demandais laquelle des deux, si j’avais été Vischnou, j’aurais choisie, de Laschmi au teint jaune, couchée sur des feuilles de lotus et tenant dans ses mains des guirlandes de fleurs, ou de Sarassouati au teint pâle et jouant du luth, lorsque, derrière la statue la plus proche de moi, celle de Laschmi, j’aperçus, se glissant dans l’ombre et cherchant à se rapprocher de nous sans être vu, le rival de sir John.

Le pilier contre lequel j’étais appuyé empêchait le Malabar de me reconnaître, tandis que moi je pouvais l’observer. Je le vis qui désignait à un Hindou sale et déguenillé le commandant du Fire-Fly ; puis ils disparurent tous les deux, l’amant de Goolab-Soohbee rentrant dans la foule des fidèles, le mendiant se glissant le long des piliers et se dirigeant vers la porte de la pagode.

Je me retournai vers sir John.

Avec une extase qui ne le cédait en rien à celle d’un Hindou, il dévorait des yeux la bayadère qui venait, en terminant un pas, de s’agenouiller dans une pose adorable de grâce et de pudeur devant la statue de Vischnou. Il ne se doutait guère, qu’en ce