Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/162

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Roumi et le houkabadar eurent vite disposé la place. Dix minutes après notre arrivée, notre tente pendait aux branches des amandiers et couvrait nos trois palanquins. Mon palkee, ainsi que celui de sir John, en garnissait un des côtés, celui de Goolab-Soohbee en tenait le fond et faisait par conséquent face à l’entrée. Des nattes tapissaient le sol. Nous avions là pour la nuit une chambre à coucher fort présentable, à la porte de laquelle veilleraient, fidèles gardiens, et Dieck, la danoise de Canon, et son compagnon, mon brave Duburk.

Laissant la bayadère et son adorateur veiller aux derniers emménagements intérieurs, j’allai jeter un coup-d’œil sur les dispositions de nos nouveaux compagnons de voyage.

Leur camp était à dix pas du nôtre, mais plus rapproché du fleuve. Le marchand de diamants, Nana-Seader, comme je l’entendis appeler, donnait ses ordres pour la nuit. Malgré ma curiosité, je ne pus apercevoir l’habitant, ou mieux, l’habitante du palanquin qui, ainsi que les nôtres, avait été abrité sous la tente. L’éléphant broutait à quelques pas les jeunes pousses des canneliers et se régalait des baies des siaikais[1] ; les chevaux étaient déjà couchés sous les benjoins ; les musiciens accordaient leurs instruments pour charmer la soirée du maître ; les

  1. Arbre dont le fruit infusé dans l’eau bouillante a la propriété de rendre une écume savonneuse qui nettoie les étoffes de soie sans en altérer la couleur.