Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/174

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coude et un banian s’étendait jusqu’au milieu des flots. Nous en saisîmes les branches pendantes, et prîmes pied.

Le lieu où nous étions était la petite île à l’autre extrémité de laquelle nous avions vu disparaître les étrangleurs.

Nous reprîmes alors notre course en rampant, évitant de passer sur des branches et des feuilles sèches dont le craquement aurait pu nous trahir, avançant d’un mètre peut-être en cinq minutes, prêtant attentivement l’oreille à tout ce qui nous environnait.

Le houkabadar me précédait. Un reptile n’aurait pas fait moins de bruit dans les lianes, une panthère à l’affût ne se serait pas plus légèrement glissée à travers les futaies. Je l’imitai de mon mieux, me déchirant parfois le visage à des bambous à épines, frissonnant malgré moi à certains bruissements qui s’échappaient des hautes herbes, d’où notre passage chassait le peuple rampant.

Tout à coup, le serviteur de Goolab-Soohbee s’arrêta. Moins adroit que lui, je venais, en franchissant un badamier[1] couché à terre, d’en casser une des branches. À vingt pas de nous, je pouvais apercevoir les thugs qui, étonnés de ce bruit, cherchaient à percer les ténèbres des massifs.

Nous nous blottîmes dans les hautes herbes, et

  1. Amandier qui produit un fruit très-délicat et dont les branches sont disposées par étages.